En Guinée, les luttes politiques ne se déroulent pas uniquement dans les bureaux des partis ou dans les rues lors des manifestations. Parfois, leurs répercussions s’invitent dans l’intimité des foyers, bouleversant des vies entières. C’est le cas de Mme Diallo, dont le témoignage met en lumière les conséquences dévastatrices de l’engagement politique de son mari.
Tout a commencé en 2016, lorsque son époux, Mamadou Oury Diallo, a rejoint les rangs de l’Union des Forces Démocratiques de Guinée (UFDG), un parti politique de l’opposition. En tant que Secrétaire à l’organisation et à l’implantation du bureau de la section de Lambanyi, son implication était totale. Cet engagement, couplé à sa participation active aux manifestations du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), a transformé leur vie de famille en un véritable cauchemar.
« Ces activités politiques ont impacté négativement ma vie et celle de mes enfants, nous laissant un traumatisme sans précédent », confie-t-elle avec émotion.
Le tournant tragique est survenu le 17 février 2023. Ce jour-là, leur domicile de Lambanyi a été pris d’assaut. Mme Diallo, son mari, et leurs enfants ont été arrêtés dans une opération brutale. D’abord conduits au CMIS d’Enco 5, ils ont vécu des heures d’angoisse indescriptibles.
Le lendemain matin, les enfants ont été remis à leur grand-mère paternelle, mais pour Mme Diallo et son mari, l’épreuve ne faisait que commencer. Transférés à la maison centrale, ils y ont été détenus dans des conditions qu’elle décrit comme inhumaines.
« Nous avons passé une semaine enfermés dans des cellules insalubres, sans accès à des soins ou à des conditions minimales de dignité humaine. »
Ce séjour en détention a laissé des cicatrices profondes, non seulement sur le plan physique, mais surtout psychologique. Mme Diallo et ses enfants, témoins impuissants de cette violence, portent encore les marques de cet épisode traumatisant.
Ce témoignage soulève de nombreuses questions sur le respect des droits humains en Guinée et sur le coût parfois insoutenable de l’engagement politique dans un contexte de tension. Alors que le pays aspire à une démocratie apaisée, il est crucial de réfléchir aux répercussions de ces crises sur les familles, souvent laissées à elles-mêmes dans leur souffrance.
Pour Mme Diallo, raconter son histoire est un moyen de briser le silence, d’interpeller les consciences et, peut-être, de faire avancer la cause de la justice.
« Je veux que le monde sache ce que nous avons vécu, pour que cela n’arrive plus à d’autres familles, » conclut-elle.
Un témoignage poignant qui rappelle que derrière chaque engagement, il y a des êtres humains, des familles et des vies en jeu.
La rédaction
