L’intelligence artificielle est-elle en train de transformer le monde de la photographie traditionnelle ? Le débat oppose l’attrait pour la rapidité et l’accessibilité des outils numériques à l’attachement au savoir-faire des photographes professionnels.
Pour en parler, le quotidien en ligne rtgguinee.info est allé à la rencontre de Moussa Keita, responsable de la production chez 2K Studio et photographe professionnel. Il revient sur l’impact de l’IA et rappelle ce qui fait la singularité du travail en studio.
Contrairement aux craintes que suscite l’intelligence artificielle, Moussa Keita affirme que la fréquentation de son studio n’a pas connu de baisse significative. « Il y a toujours des variations dans le nombre de clients, mais je ne pense pas que ce soit lié à l’IA. Ceux qui connaissent la vraie différence entre une photo de studio et une image générée continuent de venir », explique-t-il.
Pour lui, la baisse que certains redoutent est davantage liée à une méconnaissance du public qu’à l’attrait réel de l’IA.
Au cœur de son argumentaire, le photographe insiste sur ce qui distingue fondamentalement son art des images produites par une machine : l’émotion. « L’IA reste un outil créé par l’humain. Elle peut donner une image parfaite en apparence, mais elle ne peut pas capter l’âme d’un regard, ni l’émotion d’un moment. La photographie, c’est un art, et chaque photographe est avant tout un artiste », affirme Moussa Keita
Si les applications d’intelligence artificielle séduisent par leur rapidité et leur accessibilité, elles ne peuvent rivaliser avec l’expérience d’une séance photo. « Une vraie image, c’est une lumière, une ambiance, une complicité entre le client et son photographe. L’IA ne vit pas ce moment. Elle est artificielle et ne pourra jamais transmettre la convivialité d’un shooting », souligne-t-il.
À l’approche du 67ᵉ anniversaire de l’indépendance guinéenne, Moussa Keita prend un exemple concret : « Le 02 octobre, c’est une fête que tout le monde vit et ressent. Seul un photographe peut immortaliser cette ambiance. Une image inventée par une machine ne reflète pas la réalité d’une telle célébration. »
S’il ne voit pas l’IA comme une menace directe, Moussa Keita reste vigilant et lance un appel. « J’invite la jeunesse à comprendre le vrai sens de l’IA et à ne pas confondre illusion et photographie. L’IA ne remplacera jamais l’expérience humaine. »
Quant à ses collègues, il les encourage à s’imposer par leur créativité et leur sens artistique : « Un photographe doit trouver sa marque, sa personnalité. L’IA peut embellir une photo, mais si on abuse, on finit par dénaturer l’image. Ce qui fait notre force, c’est l’humanité que nous apportons à travers notre art. »
Pour Moussa Keita, l’intelligence artificielle restera un outil, mais la photographie, elle, demeure avant tout une affaire de regard, d’émotion et de lien humain.
Foulématou Kaba