En 1983, les pionniers de la lutte contre le sida ont adopté le manifeste intitulé « Les Principes de Denver », qui rejetait l’idée que les personnes vivant avec le VIH étaient des victimes et indiquait clairement qu’elles avaient un rôle central à jouer dans tous les aspects de la réponse face au sida.
Ce manifeste marquait un premier pas historique vers le principe d’une participation accrue des personnes vivant avec le VIH (GIPA), qui préconise l’implication significative de ce groupe de personnes. Ce principe, selon lequel les communautés assurent le leadership, a été le moteur d’avancées importantes. En témoigne le nombre de personnes sous traitement antirétroviral dans le monde qui a pratiquement quadruplé, passant de 7,7 millions en 2010 à 29,8 millions en 2022.
Pourtant, chaque minute en 2022, le sida a coûté la vie à une personne et 9,2 millions de personnes vivant avec le VIH ne sont toujours pas sous traitement. Malheureusement, les taux de nouvelles infections et de décès ne diminuent pas assez rapidement pour atteindre la cible des Objectifs de développement durable consistant à mettre fin à l’épidémie de sida d’ici la fin de la décennie.
Les pays qui donnent la priorité aux communautés, comme le Botswana et le Zimbabwe, ont réalisé des progrès considérables. Ils ont récemment dépassé la cible 95-95-95 en matière de dépistage et de traitement avant l’échéance de 2025. Ce qui signifie que 95 % des personnes qui vivent avec le VIH connaissent leur statut sérologique, que 95 % des personnes se sachant séropositives suivent un traitement antirétroviral qui leur sauve la vie et que 95 % des personnes sous traitement ont une charge virale indétectable.
Travaillant en collaboration avec des partenaires clés tels que ONUSIDA, le Plan présidentiel d’aide d’urgence à lutte contre le sida (PEPFAR) et le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) contribue à faire en sorte que les communautés puissent prendre les devants pour orienter directement le soutien et les ressources dont elles ont besoin. À titre d’exemple, au Burundi, le PNUD et le Fonds mondial soutiennent les organisations communautaires LGBTQI+ qui fournissent une aide juridique et un soutien psychosocial. Au Soudan, le soutien apporté récemment à travers ce partenariat contribuera à poursuivre le traitement de 11 000 personnes contre le VIH pendant le conflit. En République dominicaine et aux Philippines, le PNUD veille à ce que les communautés puissent avoir leur mot à dire sur les plans et programmes nationaux de lutte contre le VIH.
Des données probantes recueillies au fil des décennies montrent clairement que les lois, les politiques et les pratiques qui criminalisent les personnes vivant avec le VIH et d’autres populations clés augmentent la stigmatisation, empêchent l’accès aux services, entravent l’efficacité des ripostes au VIH et coûtent des vies. Une toute nouvelle analyse de l’Institut O’Neill, du PNUD et du Réseau mondial des personnes vivant avec le VIH (GNP+) met en lumière les progrès majeurs réalisés en matière de décriminalisation, qui ont fait avancer la réponse mondiale contre le VIH, souvent grâce au plaidoyer courageux des communautés. Des pays comme les Îles Cook et Maurice font désormais partie d’un nombre croissant de pays et territoires qui ont décriminalisé les relations entre personnes de même sexe.
On observe cependant une tendance inquiétante à l’adoption de lois, à des poursuites judiciaires et à des persécutions à l’encontre des personnes LGBTQI+ dans certains pays. Au titre des efforts déployés pour faire tomber les barrières, le PNUD dirige l’initiative SCALE qui aide les pays et les communautés à accomplir des progrès vers l’atteinte des cibles historiques 10-10-10, notamment l’engagement à promouvoir le rôle prépondérant que les personnes vivant avec le VIH et d’autres populations clés jouent dans la suppression des lois, politiques et pratiques punitives et discriminatoires qui compromettent les mesures de lutte contre le VIH.
Par ailleurs, un nouveau guide du PNUD (en anglais) propose une panoplie d’outils pratiques qui aident à assurer une participation accrue des personnes LGBTI+ aux processus politiques et électoraux.
Alors que le financement de la lutte contre le VIH est ramené aux niveaux de 2013 et que le déficit de financement des programmes de prévention du VIH pour les populations clés est estimé à 90 % en 2022, il est urgent non seulement de l’augmenter, mais aussi de financer les interventions qui montrent leur efficacité, notamment la prévention combinée et le traitement fondés sur les droits et les données probantes, et l’intégration du VIH dans la couverture sanitaire universelle. Alors que nous célébrons en 2023 le 75e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, tous les pays ont l’obligation de la promouvoir activement, notamment en favorisant des lois non discriminatoires, en soutenant l’égalité des sexes et en renforçant les réponses communautaires.
En tant que membre de la famille des Nations Unies, le PNUD s’est engagé à aider les communautés, en particulier les personnes vivant avec le VIH et d’autres populations clés, à prendre le leadership. Il s’agit là d’une étape cruciale vers l’élimination du sida comme menace pour la santé publique d’ici 2030.
Achim Steiner, Administrateur du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD)