La capitale Conakry connaît un afflux important de populations venues de l’intérieur du pays. Un phénomène qui inquiète de plus en plus certains citoyens. Au sein de l’opinion publique, ce mouvement migratoire divise.
Interrogés par un de nos reporters sur les causes de cette forte concentration humaine à Conakry, les citoyens donnent chacun leur point de vue.
Pour Mamadou Diallo, cette migration des jeunes de l’intérieur vers la capitale s’explique par la quête de meilleures opportunités.
« À Conakry, il existe des perspectives plus intéressantes en matière d’emploi, d’éducation et de soins de santé. Il est plus facile pour les jeunes venus de l’intérieur de se lancer dans de petits commerces. C’est aussi dans la capitale qu’on peut bénéficier de formations, de bourses d’études et d’autres avantages, tant de la part de l’État que d’institutions partenaires », a-t-il expliqué.
De son côté, Moussa Keita attribue cette croissance rapide de la population à une mauvaise répartition des services administratifs.
« La principale raison qui pousse les jeunes à migrer vers Conakry, c’est l’absence de décentralisation. À l’intérieur du pays, il n’y a presque aucun service administratif. Pour les démarches administratives, tout se fait à Conakry. Les citoyens en sont conscients, alors ils préfèrent s’installer ici, malgré les nombreuses conséquences. Aujourd’hui, il est très difficile de trouver un logement à Conakry, et les déplacements deviennent de plus en plus compliqués. »
Et Moussa Keita d’ajouter, « Cette forte concentration de population dans la capitale fait que, dans les quartiers périphériques, il n’est pas rare de trouver des familles vivant dans des conditions précaires, confrontées au coût élevé de la vie et aux difficultés d’accès à l’eau potable, à l’électricité ou encore à un assainissement décent. »
Conscients de l’ampleur du phénomène, les deux citoyens lancent un appel à l’État pour un rééquilibrage du développement :
« Que les autorités réfléchissent davantage à des projets de développement orientés vers les villes de l’intérieur. Avec des initiatives dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage ou de la pisciculture, les jeunes pourront rester sur place et se créer des emplois. Cela permettrait aussi de désengorger la capitale. »
Ces témoignages mettent en lumière la nécessité urgente de repenser la planification urbaine, mais aussi de renforcer la valorisation des régions de l’intérieur à travers des investissements ciblés, notamment dans les infrastructures et les opportunités économiques.
Hawa Thiam
