La Guinée célèbre ce mercredi 02 octobre 2024, son 66ème anniversaire de son accession à l’indépendance. Bien avant ce jour, la date historique du 28 septembre, constitue un tournant décisif dans la marche de notre pays vers son accession à l’indépendance nationale en 1958.
Pour en savoir davantage sur cette journée du 28 septembre 1958, votre quotidien en ligne rtgguinée.info est allé ce lundi 30 septembre 2024, à la rencontre du sociologue Ismaël Condé. Objectif, parler du 02 octobre 1958, les moments forts de cette date et les perspectives pour permettre à la jeunesse de bien prendre cette journée au sérieux.
D’entrée, l’ancien proche de feu Ahmed Sékou Touré est tout d’abord revenu sur le contenu à ce qui a servi le vote du non au referendum du 02 octobre 1958.
« Après la révolte du Vietnam et de l’Algérie pour arracher leurs indépendances à la France, le Général Charles De Gaulle s’est lancé dans un combat pour le maintien du reste des colonies de la France sous sa domination. Le 25 août 1958, il a fait campagne pour proposer aux colonies africaines une collaboration appelée « communauté française ». En Guinée, le PDG-RDA, sous le leadership d’Ahmed Sékou Touré, s’était opposé à sa proposition, aboutissant à un NON lors du référendum du 28 septembre 1958. Conséquence ? La Guinée obtient son indépendance le 02 octobre 1958 ».
A la question de savoir qu’est ce qui s’est passé après notre accession à l’indépendance le 02 octobre 1958, notre interlocuteur fait savoir, « Il fallait définir la politique nouvelle de la France dans les colonies après que la guerre soit totalement terminée. Il y a eu ainsi la conférence de Brazzaville qui engageait la base qui a suivi la première phase de la colonisation. Cette nouvelle phase a été appelée l’Union Française. Avant cette union française, dans le cadre de l’empire colonial français, notre statut était celui de l’indigène. D’aucuns ont dit finalement que la colonisation était la transposition de l’exploitation esclavagiste en Afrique. »
« Pour les travaux forcés par exemple, c’étaient des entreprises françaises qui venaient donner de l’argent aux chefs de canton pour pouvoir exploiter le peuple qui était là. Comme ils voulaient exporter nos produits, il fallait construire des routes. Donc, les infrastructures qui étaient là ont été faites à partir des travaux forcés pour l’intérêt des colons.
Ça, c’est le statut d’indigène qui a occasionné cette triste histoire. On passa ensuite du statut d’indigène pour devenir un citoyen. Mais pas un citoyen à part égal avec le citoyen français. C’est la phase de l’assimilation qui était ainsi ouverte. C’est-à-dire, il fallait nous transformer en français.
Donc, on nous a imposé des coutumes, des pratiques, qui nous assimilaient à la France ou bien aux français. Ainsi, l’avancement pour le fonctionnaire était conditionné par le fait que le fonctionnaire mange comme les français. Dans les circonstances d’après-guerre, il fallait à la France être un État fort rapidement. Il fallait libérer la France de la domination coloniale. Mais la France avait pour colonies les pays des militaires venus se battre à ses côtés et cela risquait de causer un dilemme à la France. Avant que le dilemme ne se pose, il fallait faire quelque chose. Et cette chose qui a été faite, c’était de poser la constitution de l’Union Française qui a remplacé l’empire colonial français. Malgré tout, certaines colonies se sont libérées de cette domination notamment la Guinée », a-t-il expliqué.
Conscient du rôle important que la Guinée à jouer pour l’indépendance des pays africains, le sociologue Ismaël Condé a avant, de clôturer cet entretien lancé un appel aux jeunes qui pensent que l’indépendance n’a eu aucun impact positif sur le développement de notre pays.
« Depuis le 03 avril 1984, la jeunesse a été plongée dans l’aliénation la plus profonde à savoir que l’indépendance n’a amené que le malheur dans le pays. On a cherché à tuer en la jeunesse guinéenne, ce temps. La dignité, la fierté d’être guinéen. Développant en vous l’idée qu’il faut regretter l’indépendance, on vous décourage à être honnête, on vous décourage à être patriote, on vous décourage à être digne, on vous décourage à être fier.
Je sais que des gens sont allés jusqu’à dire que le 28 septembre, doit être considéré comme un jour de repentance. La repentance, c’est le regret. Donc le 28 septembre doit être un jour, où nous devons marquer notre regret d’avoir rejeté la domination coloniale. Nous pensons que cette aliénation, cette intoxication est partagée par beaucoup de jeunes aujourd’hui. De mon côté, je vous invite à prendre au sérieux cette journée. Soyez fiers du vote du non le 02 octobre 1958 car, c’est ce vote qui nous a permis d’être libre et nous a permis d’inspirer d’autres nations », a-t-il conseillé.
Depuis Dixinn terrasse lieu choisi pour la célébration du 66ème anniversaire de l’accession de notre indépendance le 02 octobre 1958
Abdoulaye Bouka Barry pour rtgguinée.info.